mardi 11 août 2015

Femmes dans l'Histoire, les concubines à présent

(Suite de : "les maternités des femmes dans l'Histoire, 10 en moyenne chez les reines, les seules sur lesquelles nous pouvons avoir quelques chiffres."
http://pagetournee.blogspot.com/2015/08/femmes-dans-lhistoire.html)



Les favorites à présent
Leur situation n'était guère plus enviable, voire en certains cas, pire, telle Madame de Pompadour, la première roturière promue favorite officielle, (au départ ce qu'on pourrait appeler une "brave" fille sans doute sincèrement amoureuse du roi qui était beau) la Pompadour qui, fragile, (affligée de leucorrhées rendant les rapports sexuels pénibles -!- et les grossesses impossibles -elle fit plusieurs fausses couches douloureuses, souvent après des "drames de sérail",désespérée par les terribles humiliations qui lui étaient quotidiennement infligées par ceux -presque tous- qui la haïssaient (les "dévots" notamment) car, amie de Voltaire, d'idées plutôt libérales, bourgeoise, cultivée (et de plus en plus au fur et à mesure que son pouvoir s'affirma, cf ses lettres qui valent celle de la Sévigné) et douée pour à peu près tout, -danse, musique, poésie, littérature et la comédie ou tragédie qui fut sa passion première, carrière brillante interrompue par sa liaison avec le Roi-).. la Pompadour acheva de se ruiner la santé à la Cour où malgré son excellent caractère (au départ car ensuite, ayant, comme elle écrit "beaucoup appris dans ce pays-ci au point d'être à présent devenue intérieurement une très vieille femme", elle se durcit jusqu'à parfois "copier" les travers, les intrigues et les hypocrisies de son entourage, ayant été jusqu'à changer sa voix qu'on lui avait dite "vulgaire" et affecter l'air d'arrogance qu'elle croyait -et qui peut-être était- requis pour être respectée)... elle fut traitée comme on peut difficilement imaginer que puisse l'être une femme en général et une favorite en particulier (et une favorite dont par ailleurs même après la "rupture" amoureuse, le cas est unique, l'ascendant sur le Roi ne se démentit jamais) : des épigrammes odieux  passaient de mains en mains, suscitant l'hilarité discrète -ou pas- jusqu'à ses côtés, jouant sur sa roture, sa supposée grossièreté, son nom -Poisson-.. mais aussi sur ses problèmes génitaux (!) dont certains se vantaient presqu'ouvertement d'être les auteurs, (Maurepas notamment qui, tout de même ! finit par être exilé après un "poème" de cette veine, fort clair, faisant allusion à ses pertes blanches, élégant le Monsieur -et du reste la gentleman fut fort surpris de cette réaction du roi dont il était l'ami préféré, une réaction qu'il n'attendait pas !- Ce qui donne la mesure de ce qu'on se permettait envers "ces femmes" sans que le Roi, culpabilisé, ne proteste trop fort!).. 


Surnommée en toute simplicité la "Putain", ou la "Poisson", elle vivait dans la peur -justifiée- d'être empoisonnée, (d'autres avant elle l'avaient été, notamment la belle Fontanges au siècle d'avant), devait pourtant sourire et se plier à un train.. et à un travail (!) d'enfer, surtout à la fin de sa vie (celle de la Marquise), période pendant laquelle le Roi, chroniquement déprimé (et peut être paresseux, tout à ses plaisirs qui seuls le tiraient de son état, et encore pas longtemps) le roi donc lui laissait en mains tout ce qui l'ennuyait...  et en tout premier chef, la politique (!) c'est à dire le gouvernement du royaume, y compris (et même surtout !) dans des moments critiques où la guerre menaçait et où il fallait discuter pied à pied des traités d'alliance complexes semés d'innombrables chausses trappes, avec l'Autriche notamment et sa redoutable Impératrice, Marie-Thérèse dite la "grande", Marie-Thérèse qui, moins bornée que les courtisans français, ne sachant quel titre lui donner supérieur à celui de Marquise, l'appelait carrément "Princesse".* (La Pompadour sut s'entourer intelligemment et ne s'en tira pas si mal.) 

... Ce qui ne la dispensait nullement de la tâche initiale et essentielle pour laquelle elle avait été en quelque sorte "recrutée", un peu contradictoire, amuser le roi (il l'avait aimée et l'aimait toujours car elle le tirait de son irréfragable ennui telle un soleil un jour de pluie disait-il) tache qu'elle devait, en même temps que ses pourparlers avec Marie-Thérèse, assumer avec brio -et sans fautes ni relâche- . Il lui fallait rassurer, divertir, étourdir, réconforter ce grand dépressif versatile qu'était Louis XV qui passait en un instant de la joie et du rire sincères (mais chez lui toujours éphémères) à son état "naturel", la morosité la plus sombre, l'angoisse de la mort et la terreur du châtiment, prégnantes et encore renforcées lorsque tout alla mal et que dans le peuple la haine fit place à l'amour, notamment après l'attentat, pourtant sans gravité, de Damien**) : elle organisait des bals, des petits dîners avec des gens d'esprit -elle évitait toutefois les femmes trop brillantes !- des spectacles de théâtre -elle écrivait elle-même-, des voyages.. et même lui procurer quelques jeunes filles si possible pas trop malignes mais bien faites et complaisantes pour la tache que, de plus en plus malade, elle ne pouvait accomplir sans risques majeurs (une dernière fausse-couche lui aurait été fatale.)
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* Que ce rôle de quasi "chef d'État", inédit dans l'Histoire, bien qu'éreintant surtout pour qui n'y est pas préparée, lui ait plu, l'ait même fascinée, (quelle revanche vis à vis des dévots qui tournaient le dos à son passage!) sans doute, mais elle savait la versatilité du roi, sa peur de l'enfer, les cabales contre elle, contre son origine roturière, contre le moindre de ses impairs -et pourtant, en comédienne presque de métier, elle n'en faisait pas- .. et les brefs retours de celui-ci, briefé par les prêtres, vers sa pieuse famille (une famille nombreuse : Marie Lecsinska avait eu, lui avait "donné" comme on disait d'une poule pondeuse ! 10 enfants) sa fragilité et son égoïsme d'ex enfant-roi, orphelin adulé par une Cour intéressée et hypocrite, mais délaissé et mal aimé en tant qu'enfant.. et par conséquent la précarité de sa propre situation qui ne tenait que par lui. Plusieurs fois, dans le passé, elle avait  dû faire ses bagages (et, ne pouvant se passer d'elle, il l'en avait empêchée au dernier moment).. Or ce rôle, (notamment d'interlocutrice, de négociatrice auprès de la "grande" Marie-Thérèse la posait, la protégeait : on  pouvait répudier une favorite, pas une diplomate de haut vol, surtout en ces circonstances délicates ; sa position était ainsi assurée. Celle de Ministre, premier Ministre ou quasiment : tout passait par elle, le roi épuisé par ses soucis refusant la plupart du temps de recevoir quiconque (!) Le calcul, si calcul il y a, (car il est possible que Louis XV ne lui ait pas laissé le choix!) s'avéra juste.
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On dit que la tuberculose pulmonaire [et/ou un/des phlegmon/s?] qui, après bien d'autres pathologies et douleurs qu'elle devait cacher et qui l'épuisaient, [ses pertes, reliées peut-être à une tumeur de l'utérus, et la mort de sa fille unique, qui la désespéra... ce qui ne l'empêcha pas de tenir son rang quelques jours seulement après au cours d'un de ces "petits dîners" d'esprit qui réjouissaient tant le Roi]... on dit donc que la tuberculose qui l'emporta 
à 44 ans dans de terribles souffrances s'était déclarée ou aggravé parce qu'elle avait dû, fort légèrement vêtue, pour suivre ou rejoindre le Roi la nuit ou à toute heure qu'il lui plaisait, passer par un escalier et des couloirs ventés glacés [[n'oublions pas que l'époque était glaciale] la mode de l'époque, POUR LES FEMMES, étant de porter des décolletés plongeants (la gorge et parfois les bras largement découverts), les cheveux relevés et le cou et le haut du dos nu.. Du reste beaucoup de femmes de la cour dont une des propres filles du roi furent emportées de la même manière -tuberculose en certains cas foudroyante- et on peut se demander si la cause n'était pas la même.  

Marie Leczinska : une curieuse ressemblance avec la Marquise ! Note : une favorite, sauf exception*, ne pouvait en principe pas se permettre de se laisser aller, même après de nombreuses maternités, ce qui arrivait fréquemment; une reine, si. Un des avantage de celles-ci. 

*Madame de Montespan, qui pesait "bien plus de cent kilos" (et que le Roi aimait toujours avec autant de passion) et avait, selon un courtisan qui l'avait vue, malgré lui (?) monter dans un carrosse en relevant sa robe, des jambes "aussi grosses que moi en entier". 


 Jeune fille

 Abîmée par ses dix maternités et les excès de nourriture

Idem, plus âgée, et obèse

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